Il n'y a pas d'amour sans sacrifice

En plusieurs épisodes ...
Voici le premier !

IL N'Y A PAS D'AMOUR SANS SACRIFICE
Nouvelle


PROLOGUE

La mort est un mot qui manque d'air … M O … T !

- Qu'est-ce que tu fous dans cette galère ?
- Cette galère, je l'aime ! Elle me plait !

C'était toujours la même histoire… Lui, essayait par tous les moyens de la détourner de son "vice". Elle, se cramponnait tant qu'elle pouvait à sa "passion". Vice et passion avaient pour point commun dénominateur le théâtre.

- Ils t'exploitent !
- Erreur, j'y trouve mon compte, c'est une expérience enrichissante !

Il fallut pourtant se résoudre à un choix.

- C'est le théâtre ou moi !
- Alors tant pis !
- Tant pis quoi ?
- Si c'est une preuve d'amour que tu me demandes, je te la donne… J'arrête le théâtre !

Et voilà… Cela paraît tout simple, facile, léger, presque enfantin. Lui, se contenta de cette réponse, amoureux possessif. Elle, amoureuse passionnée, se donna corps et âme à son homme. En étouffant tant bien que mal ses regrets.

Seulement voilà... On ne détourne jamais impunément et sans risques le lit d'une rivière. Un feu mal éteint commet des ravages bien des heures après le dernier jet d'eau. Car sous les cendres…

Le feu a couvé longtemps, longtemps, tant et si bien que vingt ans plus tard, son rêve brisé, ses illusions piétinées, sa passion bafouée, son ambition humiliée, Laura ne vivait plus. Sa vie, sa survie, ne tenaient plus que par le rêve. Elle rêvait, le jour comme la nuit, elle rêvait. Laura s'était créé un petit monde bien à elle, un monde tout intérieur, un monde bien secret. Un jardin imaginaire, petit, à sa dimension. Dans sa solitude voulue et recherchée, Laura s'était entourée de personnages. Ceux qu'elle avait voulu créer pour ses romans et ses fictions. Mal lui en prit ! S’entourer de la sorte peut s’avérer dangereux.


Intrusion (ou le messager)

Ses doigts nerveux et agiles couraient sur le clavier. Le petit bruit sec et mat que faisaient les touches lorsqu’elle les sollicitait lui composait une musique d’accompagnement apaisante et inspiratrice. Son monde intérieur s’ouvrait alors pour lui offrir l’évasion rêvée en compagnie de ses personnages de prédilection. Seulement voila…

Depuis des heures déjà, les pages de son écran se noircissaient de milliers de petites lettres en police Times New Roman. Celle qu’elle préférait. Elle s’obstinait, malgré ses douleurs cervicales, à terminer son dernier roman. Celui-ci était en gestation depuis bien longtemps. Il lui fallait accoucher maintenant. Pour passer à autre chose. Un nouveau projet avait germé dans sa tête et pour le mettre en œuvre, il lui fallait absolument terminer celui en cours. Elle en était encore à trouver la chute pour boucler l’histoire une fois pour toutes. Cependant, l’accouchement ne s’annonçait pas aussi facile que les précédents. Certains personnages lui donnaient du fil à retordre. En particulier Angel, qui, comme son nom ne l’indique pas, était la pire fripouille qui puisse exister. Un être ambigu, pervers et retors qui ne recule devant aucune bassesse et capable des pires atrocités. Laura cherchait en fait le moyen de le rayer à jamais de la liste de ses personnages. Au gré des chapitres et au fil de la fiction, Angel avait acquis, par on ne sait quel mystère, une autonomie de pensée et d’action qui commençait à inquiéter sérieusement Laura. Comment l’éliminer à jamais avec la certitude qu’il ne reviendrait plus ? Comment ? Car malgré sa fin présumée lors du précédent roman, le voici revenu comme par miracle, réchappé de l’incendie du monastère de « L’ange de Rio », pour empoisonner à nouveau le destin d’une autre héroïne de Laura. L’auteur, elle-même, devenait impuissante, et se sentait comme manipulée. Par un simple personnage qu’elle avait inventé de toutes pièces.

Le carillon électronique de la porte d’entrée retentit.

- La poisse ! Zut de m….. ! J’aurais dû débrancher la sonnerie ! Sûrement un représentant de commerce qui se sera perdu… Qui d’autre pourrait venir si tard ? Et dans ce lieu perdu ?…

Laura détestait être ainsi arrachée de son monde. La sonnerie insistait lourdement.

- C’est toujours lorsque j’ai besoin de calme et de solitude que l’on vient me casser les pieds ! Et zut ! Il a intérêt à avoir une bonne raison ce visiteur du soir ! Sinon…


...
Fin du premier épisode

(Merci pour vos avis, suggestions et corrections éventuelles ...)

2ème épisode ...

...Sur l’écran de contrôle, celui qu’elle avait fait installé dans son bureau pour n’avoir pas à se déplacer, elle essaya de reconnaître l’importun. L’image que lui renvoyait la caméra de surveillance ne lui apporta pas de réponse. Elle voyait un homme tout de noir vêtu. Laura appréciait l’élégance et la classe que confère le noir. Le style gothique l’attirait particulièrement. Les cheveux longs du visiteur étaient attachés en catogan, et ce détail ajoutait encore à son charme.

- Bonsoir. Qui demandez-vous ? fit-elle en appuyant sur une touche.

Et l’interphone lui répondit :

- Bonsoir Laura ! Heureux de t’avoir retrouvée ! C’est moi, Guillaume ! J’ai un message d’une extrême importance à te transmettre.

- Guillaume ? Pardon… Mais je ne vous remets pas … Nous nous connaissons ?

Et avant même que Laura ait fait le moindre geste, la porte s’ouvrit. Laura n’eut même pas le temps de réagir que le visiteur pénétra dans l’entrée et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, se trouva devant Laura, dans son bureau et se mit à la serrer dans ses bras. A la grande surprise de celle-ci qui était trop abasourdie pour réagir !

- Enfin ! Laura ! Si tu savais tout ce qu’il m’a fallu faire pour arriver jusqu’à toi ! Tu ne pourrais jamais l’imaginer ! Non, vraiment… Malgré ton imagination fertile, tu ne pourrais pas…

Abasourdie, ébranlée par l’ouverture inexplicable de la porte, et l’apparition soudaine du visiteur, Laura sentit un malaise la saisir. Elle ne reconnaissait pas encore l’homme formellement, cependant elle devinait qu’il n’était pas complètement étranger à sa vie. Cette allure, cette carrure, cette façon familière de lui parler… tout en cet homme la troublait. Oui, elle le connaissait, mais d’où ?...

- Guillaume ? Je dois perdre la tête ! Je ne me souviens d’aucun Guillaume et pourtant je suis sûre de vous connaître ! Je ne me sens pas bien… Je vous connais ?...

- Evidemment Laura ! C’est toi qui m’as créé ! D’ailleurs, je te remercie pour le magnifique rôle que tu m’as offert : le héros fort et faible à la fois, aux qualités humaines fragiles et attirantes ! Ah, vraiment quel beau personnage ! Merci mille fois Laura !

A ces mots Laura blêmit. Guillaume …Vallanti ? Cet homme prétendait être l’ami, le grand frère, qu’elle s’était inventée pour son dernier roman. Celui qui a mené de main de maître toute l’intrigue du début jusqu’à son dénouement ? Mais… Impossible ! Non ! Elle ne pouvait admettre une telle hérésie… Malgré son penchant naturel à imaginer l’inimaginable ! Non… L’irrationnel de la situation était encore trop évident pour qu’elle l’accepte !

- Arrêtez de vous moquer de moi ! Comment voulez-vous que je croie une telle absurdité ? Qui êtes-vous et comment avez-vous f…. ?

Devant son incrédulité, l’intrus la prit par la main et l’entraîna de force vers le salon. Il invita autoritairement Laura à s’asseoir sur le canapé de cuir rouge et s’assit dans le fauteuil en vis-à-vis.

- Maintenant, Laura, tu vas m’écouter ! N’aie aucune crainte, je suis ton ami, et je suis venu pour te le prouver.

Pendant plus d’une heure, il relata, point par point, toutes les péripéties du roman, toutes les ficelles qu’avait employé l’auteur, Laura, pour permettre l’accomplissement du destin des principaux personnages du roman. Les détails étaient si précis, si réels, que Laura ne put bientôt plus nier l’évidence. Ce ne pouvait être un simple lecteur de son roman. Non, les précisions qu’il venait d’apporter ne se trouvaient pas dans les chapitres de l’ouvrage mais dans son esprit à elle. Elles étaient restées dans les coulisses de son esprit et seul le personnage pouvait les connaître, en dehors d’elle-même.
Et de toute façon, la ressemblance physique entre ce visiteur et l’image qu’elle s’était faite du personnage, était telle qu’elle ne put s’empêcher de s’écrier :

- Mais enfin, Guillaume ! Que viens-tu faire dans ma vie ? Enfin, je veux dire dans la vraie vie ?

- Tout est relatif, Laura ! Répondit-il avec un sourire énigmatique. Sait-on vraiment où se trouve la vraie vie ? Enfin, je suis rassuré… Tu me reconnais et c’est tant mieux, car si je suis là, c’est pour te prévenir d’un grave danger…

Laura n’était pas particulièrement froussarde. Elle maîtrisait parfaitement bien ses émotions et savait suffisamment gérer ses angoisses pour ne pas en subir les effets néfastes. C’est contre l’avis de ses amis et surtout de son compagnon, qu’elle avait décidé de vivre seule, dans cette grande maison loin de tout, entourée de forêts et de lacs. Un environnement magnifique, d’un calme et d’une harmonie exceptionnels. C’était tout ce dont elle avait rêvé depuis toujours pour pouvoir écrire en toute tranquillité. Juste le temps de terminer son roman… Une maison équipée de tous les derniers accessoires en matière de sécurité, et pourtant…

3ème épisode...

...
Une maison équipée de tous les derniers accessoires en matière de sécurité, et pourtant…

- Dis-moi… Comment as-tu fait pour ouvrir la porte malgré tout le dispositif de sécurité ?

- La puissance de l’esprit sur la matière, c’est tout ! Malheureusement pour toi, quelqu’un d’autre qui n’a pas les mêmes intentions amicales que moi, va bientôt de te rendre la même visite que moi… Et tout comme moi, aucune serrure ne l’en empêchera.

- Que veux-tu dire ?

A ces mots, et sans attendre la réponse de Guillaume, Laura se précipita pour aller vérifier le panneau général de contrôle électronique qui gérait toutes les fermetures de la maison, jusqu’au moindre fenestron. Son cœur battait la chamade. Après avoir eu confirmation que tout était normalement verrouillé, elle s’obligea à respirer profondément pour calmer un début d’appréhension. Oui, que voulait donc dire Guillaume ? Que tout ceci n’était que pacotille ? Que tout ce dispositif hyper sophistiqué était devenu inefficace ? Impossible … Et pourtant, la présence de Guillaume prouvait on ne peut plus clairement qu’il avait raison.

- Que veux-tu dire, Guillaume ?... Qui doit venir encore ? Et quel est le message dont tu me parlais tout à l’heure dans l’entrée ?

Laura percevait que quelque chose venait de basculer dans son univers. Elle qui depuis toujours savait gérer de main de maître sa vie et celle de ses personnages, sentait que les rênes lui échappaient. Qu’elle ne dirigeait plus le destin de ses créatures, mais au contraire que ceux-ci désormais avaient pris l’ascendant sur elle. Guillaume s’efforça de la rassurer malgré la teneur de ses propos.

- Le ressentiment d’Angel est si puissant qu’il a juré d’avoir ta peau ! Il a compris ta volonté de l’effacer à jamais, et il ne peut l’accepter. Mais je suis là justement pour te protéger. Je sais que je le précède de peu, alors s’il te plait, ne m’interromps plus et enregistre tout ce que je vais te dire. Ta survie, tu la devras à ton écoute !

Dans la tête de Laura, un vertigineux et glacial étonnement. Ce n’était pas encore l’effroi, non. Juste une terrible appréhension de ce qui allait se passer. Elle revivait encore les dernières heures passées dans le monastère, avant l’explosion. Elle se remémorait les derniers actes de puissance satanique perpétrés par Angel. Actes que son imagination avait alors inculqué à son personnage. A l’époque, c’était encore elle qui dirigeait l’action… Désormais, son personnage maléfique se retournait contre elle, l’auteur. Et seule Laura savait parfaitement ce dont il était capable. N’était-il pas issu de son esprit ?

Les paroles de Guillaume lui parvenaient au travers d’un épais nuage de terreur naissante. Plus que la peur elle-même, c’était la sensation de son impuissance
qui la rendait malade. Le vertige de l’impuissance face à l’adversité. Face à l’injustice. Comment avait-elle pu créer un tel personnage ? La négation même de tout ce qu’elle souhaitait rencontrer. Le contre-pied de ses convictions les plus profondes. L’antinomie même de son aspiration mystique !

- Que peut-il contre moi ? Il n’est que le fruit de mon esprit… Essaya-t-elle de se persuader. Je puis, si je le désire, par ma seule volonté, le réduire à néant…

- Détrompe-toi Laura ! Il t’a échappé. Il est désormais seul maître de son destin. Tu ne peux rien contre lui. Sa puissance s’est décuplée à un point que tu ne peux imaginer… Mais je suis venu pour t’aider…

- Pourquoi ? Ne risques-tu pas toi aussi de voir Angel se retourner contre toi ? As-tu oublié le maléfice qu’il t’a lancé ?

- Il y a des amitiés plus puissantes et plus fidèles que l’amour. Et puis, je te dois bien cela, à toi qui m’as inventé et sorti du néant ! Quant aux risques encourus, tu me fais rire, Laura ! Je ne suis qu’un personnage imaginaire ! Ma vie n’a de sens que dans la réalisation des désirs de l’auteur. Alors même s’il m’arrive le pire, c’est-à-dire mon effacement de la mémoire de tes fichiers, la belle affaire. Je resterai à jamais le héros de « l’ange de Rio », non ? C’est cela seul qui compte. Et qui sait, si je ne revenais pas dans un autre personnage ? Tel un fantôme ?

Son clin d’œil complice et son rire amical rassérénèrent Laura. Cependant elle devinait le sacrifice dans les intentions louables et généreuses de Guillaume. En même temps, elle comprenait que la logique de toute cette histoire tenait à un fil, celui de l’irrationnel. Son rôle désormais à elle, était de suivre les instructions de sa propre créature. Un comble pour un auteur ! Avait-elle le choix ? Pendant ces réflexions elle écoutait les recommandations de Guillaume et n’en perdait pas une miette.

Une brusque baisse de tension de l’électricité fit réagir Guillaume. Les lampes clignotèrent imperceptiblement.

- Je sens qu’il arrive ! N’aie pas peur ! Fais juste comme je t’ai dit ! Je t’embrasse de tout mon cœur, ma belle ! Et à bientôt pour d’autres aventures… si tu le veux bien !

- Guillaume … Je… !
...

4ème épisode ...
...- Guillaume … Je… !


Elle n’eut pas le temps d’en dire plus. Angel fit son apparition au beau milieu de la pièce, juste entre eux deux. Un frisson d’angoisse parcourut le dos de Laura ! Il n’avait absolument pas changé ! Cette longue balafre sur le cou, ce crâne rasé et cette longue robe rouge sang qui lui donnait l’aspect d’un antique prêtre égyptien ! Les années passées depuis la parution du roman n’avaient en rien altéré son physique. Au contraire, il paraissait encore plus vigoureux et fort qu’auparavant. Il émanait de son corps comme une radiation de puissance étrange et indéfinissable. Et ses yeux… Ses yeux ! Deux braises ardentes de haine. Deux armes destructrices qu’elle devait à tout prix éviter de regarder. « Surtout évite qu’il pose son regard sur toi » lui avait conseillé Guillaume. Elle savait tout ce qu’elle devait faire ou ne pas faire, mais une espèce de paralysie la maintenait verrouillée au sol, tétanisée.

La réaction d’Angel découvrant Guillaume ne se fit pas attendre.

- Ote-toi de mon chemin ! Toujours dans mes pattes, tel un chien ! As-tu déjà oublié notre dernière rencontre et la frousse que je t’ai infligée. Pauvre vermisseau !
- La différence, Angel, c’est qu’à présent tu ne me fais plus peur ! Laisse Laura tranquille…

Le rire satanique d’Angel éclata dans la tête et le corps de Laura. Celle-ci fit des efforts surhumains pour se ressaisir.

- Le preux chevalier de ces dames a repris son bouclier de protecteur ! La
belle affaire ! Tu n’auras jamais le dessus ! Prépare-toi au grand départ,
misérable avorton ! Et après ce sera le tour de ta protégée !

Le combat reprenait. Celui qui avait débuté plusieurs années auparavant dans l’intrigue du monastère. Mais cette fois-ci la fiction avait pris le pas sur la réalité. Ce n’était plus une mise en scène de scénariste, c’était la vraie vie, avec la mort en filigrane, avec la mort en suspension comme un sabre sur leur tête.

Et Guillaume cria alors à l’intention de Laura.
- Sauve-toi, Laura ! Fais tout ce que je t’ai dit ! Fais-moi confiance… et tout ira bien ! ALLEZ ! FILE ! …

Laura ne comprenait pas comment Guillaume avait pu gagner autant de confiance en lui, surtout face à Angel dont le pouvoir de destruction lui avait été personnellement démontré. Elle souhaita de tout son cœur pouvoir lui poser la question, plus tard, lorsque ce cauchemar aura cessé.

- Non, Guillaume ! Je ne vais pas m’enfuir comme ça ! Laisse-moi d’abord lui parler. Après tout, je suis l’auteur dans tout ça, c’est donc à moi de prendre les décisions, non ?

Et se tournant vers le gourou maléfique, tout en évitant le feu de son regard, elle l’apostropha avec autorité et maîtrise de soi. Elle fixait scrupuleusement la statuette accrochée sur le mur juste à la hauteur de la tête d’Angel, pour éviter son regard destructeur.

- Angel, pourquoi tant de haine ? Pourquoi t’obstines-tu ainsi ? Je ne t’ai pas créé pour que tu hantes mes écrits sans répit. Une dernière fois, je te demande de t’effacer de ma mémoire …

- Silence Laura ! Comment oses-tu me donner des ordres ? Tu n’as plus aucun pouvoir sur moi, entends-tu ? Je suis le maître, le seul maître de ma destinée, tu entends ? JAMAIS JE NE M’EFFACERAI ! JAMAIS ! C’est toi qui va disparaître !

A ces mots, Guillaume se jeta sur lui.

- FILE MAINTENANT ! FILE !

Impuissante, Laura prit le parti d’obéir à Guillaume. Après tout, il paraissait sûr de lui, et peut-être même s’était-il préparé, formé, à cette confrontation ? Je dois lui faire confiance, se dit-elle en se dirigeant prestement vers la sortie. Elle savait qu’il ne restait que très peu de temps pour que le plan de Guillaume réussisse. Déjà, elle percevait les manifestations diaboliques opérer dans la maison. Tous les murs se mirent à trembler, tous les meubles se mirent à vibrer. Un souffle magnétique d’une puissance phénoménale se mit à soulever tout ce qui se trouvait sur son passage, et poursuivait Laura dans sa course. Elle sentait confusément le danger de mort la poursuivre. Comme deux immenses mains qui allaient l’attraper et lui serrer le cou. Ne te retourne pas. Ne te retourne pas ! Elle entendait cette injonction dans sa tête comme si Guillaume était en elle, pour la protéger et l’aider à fuir. Ne te retourne pas. Fais ce que je t’ai dit ! Vite ! C’est le moment ! Appuie sur le détonateur ! Là, tu y es ! Appuie ! Maintenant tu as exactement 30 secondes pour courir dehors ! VITE ! VITE !

...

5ème épisode et fin !

...Dans les locaux du centre psychiatrique, les infirmiers buvaient leur café. La dernière patiente arrivée était le centre de leurs conversations ce matin.

- C’est le mari qui a demandé son internement. Soi-disant pour la protéger d’elle-même, et de ses démons intérieurs. Il craint qu’elle n’attente à sa vie.

- Pauvre fille ! Son délire parait vraiment la faire souffrir ! Malgré les sédatifs que nous lui donnons depuis son arrivée, cette nuit, elle ne cesse de gémir…

- Comment veux-tu qu’il en soit autrement ? Si elle a perdu deux membres de sa famille dans l’explosion et l’incendie de sa maison, ça se comprend, non ?

- Penses-tu !? Il n’y avait personne… Les pompiers n’ont absolument rien trouvé… Pas un lambeau de tissu ou de chair… Rien ! Ce sont eux qui l’ont trouvée hagarde, errant dans les décombres fumantes, comme hallucinée. Elle grattait les cendres en criant, en appelant les anges et en leur criant « IL N’A A PAS D’AMOUR SANS SACRIFICE ! PARDON ! PARDON ! » C’est ensuite qu’elle a reconnu avoir fait exploser la maison pour se protéger de l’esprit du mal ! Elle n’est pas sortie de l’auberge, celle-là ! Saloperie de maladie mentale !

- Hummm ! L’explosion a été entendue à plus de trente kilomètres. Une explosion d’une puissance phénoménale. Bizarre quand même ! On se demande comment elle vit encore ! Il n’y a plus rien debout ni vivant, tout autour. Il n’y a plus qu’un immense trou. Comme si la maison n’avait jamais existé ! Ne restent que des cendres… qui tourbillonnent sans fin.



Fin


Copyright Liza Lo Bartolo Bardin

La puissance de l’esprit sur la matière, c’est tout ! Malheureusement pour toi, quelqu’un d’autre qui n’a pas les mêmes intentions amicales que moi, va bientôt de te rendre la même visite que moi… Et tout comme moi, aucune serrure ne l’en empêchera.

IL N’A A PAS D’AMOUR SANS SACRIFICE

Coucou Liza,
J'ai juste relevé ces deux petites erreurs...
Sinon vraiment très bien... Tu aurais presque pu terminer "Ton ange" par ces chapitres supplémentaires...
Tu as vraiment une très belle écriture Liza...
Prépares-tu un prochain roman ? J'imagine que oui...

C'est génial Liza Je rajoute une petite chose vue dans le 4ème épisode ci-dessus : "Mais cette fois-ci la fiction avait pris le pas sur la réalité" : je pense que tu voulais plutôt dire l'inverse ? Que la réalité avait pris le pas sur la fiction ? C'est le sujet de ton prochain livre ? Car vraiment, c'est prenant !

Oh !!!! merci pour votre aide !
Oui ! Tu as raison Sarvane ! C'est l'inverse !

Je reviens longtemps après pour répondre ... mais il vaut mieux tard que jamais !
D'abord merci pour vos suggestions !
Et puis pour vous dire que cette nouvelle est l'une des trois qui ont été publiées dans le recueil collectif "NOIRS VENINS" des Editions REFLETS NOIRS.
Ce livre est paru en mars 2007, et se trouve dans toutes les bonnes librairies qui peuvent le commander, mais également chez moi puisque j'en ai acheté un petit stock !

Pour les amateurs de situations sombres, mais pas pathétiques, les ambiances para-normales, les univers déjantés ou les mondes entre deux !

Quatre auteurs différents : quatre univers !
Virginie Aumaître - Sylvain Pettinotti - Jean Pierre Petit - et moi.
Un seul but : captiver le lecteur et l'emporter "ailleurs" !
J'espère que vous apprécierez !


Zut : j'ai le trac !
pfffffffffff ! On ne s'y fait jamais, hein ?

Pour avoir lu ce livre, je peux dire qu'il est vraiment très bien. Et tes nouvelles sont - comme d'habitude - captivantes. Bon cru de recueil de nouvelles

Merci Sarvane !
rouge je suis...

Sarvane a écrit:

Pour avoir lu ce livre, je peux dire qu'il est vraiment très bien. Et tes nouvelles sont - comme d'habitude - captivantes. Bon cru de recueil de nouvelles

Je confirme, j'ai apprécié...